SEXUALITÉ ET SCHIZOPHRÉNIE, UN TABOU?

La sexualité dans un contexte de schizophrénie suscite de nombreuses questions. Nous avons demandé la collaboration de la sexologue Marie-Christine Dufour afin de nous éclairer sur le sujet.

Nous aborderons donc des thématiques telles que la séduction, la communication et le dévoilement du diagnostic dans un contexte amoureux. Des trucs concrets vous seront proposés afin de vivre une sexualité satisfaisante, d’améliorer la communication entre conjoints et de surmonter les difficultés qui peuvent être rencontrées dans une relation de couple. Nous répondrons aussi à certaines questions des proches, notamment « Comment un parent peut-il parler de sexualité avec son enfant atteint de schizophrénie? ».

Finalement, Mélanie Caouette et Julie Charbonneau, deux pharmaciennes de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, démystifient l'effet des antidépresseurs et antipsychotiques sur la sexualité des personnes atteintes.

Les conférencières lancent un message aux intervenants en santé mentale : « Il est important d'aborder la question des dysfonctions sexuelles avec les personnes atteintes de schizophrénie, car ces problèmes sont souvent associés à une attitude négative envers le traitement pharmacologique et cela peut fortement affecter leur qualité de vie. Un contexte favorable à la discussion d'un tel sujet est primordial et devrait être amorcé puisque certaines personnes n'osent pas toujours aborder la question. »

Si vous êtes une organisation offrant des services aux personnes atteintes, contactez la sexologue afin qu'elle présente un atelier à votre clientèle.

Séduction

Séduire une personne…qu'est-ce que ça veut dire? Qu'est-ce que ça implique? Quels comportements doit-on adopter pour être en mode séduction?... Beaucoup de questions auxquelles on essaiera de répondre dans ce bref résumé. 

Tout d'abord, la séduction est un comportement, une attitude à adopter afin de susciter l'admiration, l'attirance ou l'amour de quelqu'un. On tente donc d'attirer l'attention par les moyens qui s'offrent à nous afin d'entrer en relation plus intime avec celui ou celle que l'on veut séduire. 

Pas si simple, dira-t-on! C'est vrai, mais il existe quelques petits trucs pour séduire la personne désirée. 

Il y a 4 étapes dans la séduction (1). 

La première étape est d'attirer l'attention de la personne que l'on veut séduire. On peut utiliser le langage du corps : sourire, avoir un regard doux et une posture confiante, se tenir droit, etc. 

La deuxième étape est l'attirance ou la répulsion. C'est à ce moment que la personne qu'on désire séduire va manifester son intention. Si elle croise le regard, sourit, s'avance, il faut passer à la troisième étape. Par contre, si elle détourne le regard ou tourne le dos, il ne faut pas insister; vaut mieux se retirer afin d'éviter des émotions ou des situations désagréables. 

La troisième étape, la conversation, c'est le moment d'aller parler avec la personne que l'on tente de séduire. La première chose à faire est de la regarder dans les yeux lorsqu'on lui parle car on maintient ainsi son attention, en plus d'être en mesure de remarquer ses réactions. On doit ensuite écouter ce que la personne dit : cela pourrait être très utile lorsqu'on voudra débuter un sujet de conversation ou bien l'inviter à sortir! La voix doit être douce et sincère. Finalement, il faut essayer de trouver un sujet qui va l'intéresser, par exemple, on peut la complimenter, la féliciter pour ses réalisations, discuter de ce qui se passe aux alentours, miser sur des intérêts communs, etc. 

La dernière étape est de maintenir la séduction lorsqu'on est avec notre partenaire. Une relation de couple s'entretient et demande des efforts si on veut la préserver. Il ne faut jamais cesser de faire des compliments à l'autre, de lui faire plaisir, d'écouter ses besoins, ses émotions, ne jamais tenir l'autre pour acquis. En conclusion, l'important dans la séduction est d'être confiant, de rester soi-même, de se respecter et de respecter l'autre. Surtout, il faut oser, car la vie n'est pas un conte de fée, le prince charmant ne viendra pas frapper à la porte. Souvent, les gens ont peur de se faire rejeter; c'est vrai qu'il y a des chances que cela arrive, mais l'inverse peut également se produire. La vie réserve de bien belles surprises… mais quelques fois, pour les provoquer, il faut surmonter ses craintes. 

Bonne chance! 

SOURCE(S): 

  1. DALLAIRE, Yvon. La séduction : un art à développer, Québec, [En ligne]. http://www.psycho-ressources.com/bibli/seduction.html (Page consultée le 19 avril 2011).

Pour attirer l'attention de la personne convoitée, il est essentiel de bien paraître physiquement, bien sûr, mais également de se sentir bien dans son corps. Car vous savez que l'image qu'on projette reflète souvent qui on est. Il faut donc prendre soin de sa personne si on veut réussir à susciter l'intérêt de l'autre. 

Prendre soin de soi….que doit-on faire? Dans un contexte de séduction, c'est d'accorder de l'importance à son hygiène corporelle et à son hygiène de vie. 

L'hygiène corporelle consiste à prendre soin de son corps : essayer de se laver à tous les jours, se brosser les dents et avoir un bonne haleine, se brosser les cheveux et les couper lorsqu'ils sont trop longs, porter des vêtements propres, avoir une bonne odeur (soit en se parfumant ou en utilisant du savon), pour les hommes, se raser la barbe et la moustache si nécessaire, pour les femmes, se raser les jambes et les aisselles, avoir les ongles propres et les couper au besoin. On sait bien que la première chose que l'on remarque chez une personne, c'est son apparence physique, d'où l'importance de paraître à son meilleur. 

L'hygiène de vie consiste à adopter un mode de vie sain en faisant des choix positifs qui vont améliorer la santé physique et mentale (1). Elle consiste également à mettre toutes les chances de son côté afin de se sentir bien dans sa peau. Certains pourraient se demander : « Comment faire pour adopter une bonne hygiène de vie? » Voici quelques trucs simples, faciles à intégrer au quotidien :

  • Manger bien, ce qui veut dire manger des aliments provenant des quatre groupes alimentaires, comme des fruits, des légumes, du lait, du fromage, du yogourt, du pain, des pâtes alimentaires, des céréales, des noix, des œufs, du poulet, du bœuf, etc. Bref, il faut introduire dans ses repas une variété d'aliments sains et énergisants. Voir la section « Nutrition et schizophrénie » pour plus de conseils.

  • Faire de l'exercice physique à tous les jours : marcher à l'extérieur, monter les escaliers au lieu d'emprunter l'escalier roulant, faire le ménage ou pousser le chariot d'épicerie. Des exercices simples et accessibles qui feront du bien.

  • Bien dormir est aussi important, en développant de bonnes habitudes de sommeil : par exemple, se coucher avant minuit, être actif le jour et dormir la nuit, éviter les siestes, se réserver une heure de détente avant d'aller au lit, avoir un rituel de sommeil, etc. (2). Le corps à besoin de sommeil pour bien récupérer. La conférence « Le sommeil et la schizophrénie » contient de nombreuses recommandations à ce sujet.

  • Essayer d'abandonner ses habitudes moins saines comme la cigarette, les stimulants (café, boissons gazeuses), l'alcool, la drogue, bref tout ce qui est nuisible à la santé et au fonctionnement.

  • Et finalement, il est important de se développer un cercle d'amis, de créer des contacts sociaux qui favorisent l'entraide, l'écoute, et de bénéficier d'un soutien lorsqu'on en a besoin.

On peut intégrer graduellement ces habitudes au quotidien. Elles contribueront à atteindre le bien-être, car il est primordial de prendre soin de soi si on veut pouvoir prendre soin de la personne qu'on aime. 

SOURCE(S): 

  1. Vie Saine. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca (Page consultée le 10 décembre 2012).

  2. Formation 1-2-3. Troubles de l'humeur. Formation donnée à l'hôpital Louis-H. Lafontaine mercredi le 18 avril 2012.

Créer des liens de confiance et développer une amitié au départ peut aider, par la suite, à entamer une relation amoureuse. De plus, si on fréquente un centre de jour, par exemple, il sera plus facile d'aborder une personne qui connaît et vit la même problématique que soi. On va être plus à l'aise en sachant qu'on ne sera pas jugé, que la personne comprendra ce que l'on vit.

On peut commencer par un simple bonjour, et ensuite débuter une conversation lorsqu'on se sent prêt. Si on éprouve une attirance pour une personne, il est important de se rapprocher d'elle, soit en fréquentant les mêmes endroits ou en pratiquant les mêmes activités. Plus on sera en contact avec elle, moins on sera gêné de l'aborder. 

Lors des premiers contacts avec une personne, on apprend à se connaître. Chacun parle de ses intérêts dans la vie, de ses passe-temps, de ses activités préférées, etc. Donc, au départ, on se dévoile en surface; plus la relation avance, plus on donne des détails sur sa vie personnelle.

Il est important d'établir un lien de confiance avec la personne et de ressentir également qu'elle fera preuve d'ouverture. On doit se sentir prêt et à l'aise avec elle pour discuter de son problème de santé mentale. Graduellement, on l'informe sur la maladie : les symptômes, la médication et les effets secondaires, le suivi thérapeutique, les signes précurseurs d'une rechute, etc. On peut même aller se renseigner avec elle sur internet, sur le site de la SQS , par exemple, ou se rendre ensemble à un organisme qui vient en aide aux proches. L'inconnu fait souvent peur : lorsqu'on explique posément et en détails la maladie, on procure un sentiment de sécurité. Il faut aussi prendre le temps d'établir un lien de confiance avec la personne, de ressentir une ouverture d'esprit et d'éprouver un sentiment de bien-être en sa présence. Bref, si on veut s'investir dans une relation amoureuse, la sincérité et la transparence sont primordiales. 

Commentaire de la SQS : Parfois, il est plus facile d'aborder le sujet en disant qu'on a une maladie du cerveau, ou un déséquilibre au niveau de la dopamine. Graduellement, on explique ce que ça implique, les symptômes, la médication, etc. Ça aide à dédramatiser. Visitez la section « Qu'est-ce que la schizophrénie? » pour plus de détails. 

Sexualité

La sexualité est composée de six dimensions (1) : 

On retrouve tout d'abord la dimension cognitive : les connaissances relatives à la sexualité (les moyens de contraception, l'anatomie, les différentes dysfonctions sexuelles, etc.). Par la suite, il y a la dimension affective (les émotions telles que l'amour, la tendresse, le désir, la complicité, etc.). La dimension spirituelle regroupe les valeurs, les croyances et les règles de conduite en matière de sexualité. Il y a également la dimension psychologique qui est reliée à l'estime personnelle, l'image corporelle, ainsi qu'à l'expression des besoins en matière de sexualité. La dimension culturelle est composée des valeurs socioculturelles. Finalement, la dimension biologique englobe le corps et son fonctionnement : les zones érogènes, la reproduction, etc. Il existe donc plusieurs façons de vivre sa sexualité, malgré les difficultés qu'on peut rencontrer. 

SOURCE(S): 

  1. BADEAU, Denise. La sexualité en 6 dimensions. [En ligne]. http://elysa.uqam.ca/PagesAnnexes/DBadeau_def_sex.htm (Page consultée le 10 mai 2012).

Il est essentiel de se sentir bien sur les plans physique et mental pour envisager de vivre une sexualité épanouie. C'est une activité qui doit procurer du plaisir, du bien-être, alors il faut prendre le temps de s'écouter et de se demander si on est en forme pour s'abandonner au plaisir. Ce qui est magique dans la sexualité, c'est que même si on n'éprouve pas de désir sexuel pendant un certain temps, elle sera toujours à notre portée, puisqu'elle fait partie de la nature humaine.

De plus, il faut être conscient que la sexualité peut changer au cours de la vie, soit à cause de la maladie, du milieu de vie, du vieillissement, etc. Dans tous les cas, il faut conserver l'espoir de lui donner une autre dimension. 

Il est important d'aller au-delà du génital. Il existe tant de façons d'avoir une bonne santé sexuelle, même si on éprouve quelques difficultés. Voici quelques trucs : caresser l'ensemble du corps, s'embrasser tendrement, prendre le temps de faire de longs préliminaires, etc.; ce sont des gestes très agréables qui peuvent procurer des moments de plaisir. On peut également partager avec l'autre ses désirs et ses besoins en matière de sexualité. Utiliser l'imagination et les mots « coquins » comme outil d'excitation sexuelle est accessible à tous et est très stimulant.

Il est recommandé de créer des scénarios sexuels qui s'harmonisent avec l'état de santé dans lequel on se trouve. On peut partir à la découverte de son corps et de celui de son partenaire en essayant de trouver les parties qui procurent du plaisir à chacun. On peut faire des massages agrémentés de chandelle et de musique douce. Il existe également de la très bonne littérature érotique qui peut aider à mettre du piquant dans sa vie sexuelle et à alimenter son imagination. 

Le corps réagit beaucoup à l'anxiété, dont plusieurs symptômes ont des répercussions sur la santé physique (1) comme la fatigue, les problèmes de concentration, la tension musculaire, la perturbation du sommeil, etc. 

Étant donné que la sexualité est directement reliée au corps, l'anxiété a de nombreux impacts sur celle-ci (2) : 

  • Le stress peut causer des symptômes physiques nuisibles à la sexualité, comme des problèmes gastriques, des maux de tête, de l'agitation, de l'insomnie, de la difficulté à se concentrer, etc.

  • L'anxiété distrait de nos stimuli érotiques, ce qui perturbe l'excitation sexuelle. Cela cause des problèmes d'érection chez l'homme et des problèmes de lubrification chez la femme.

  • L'anxiété peut entraîner une diminution du désir sexuel.

  • Des pensées ainsi que des émotions négatives peuvent perturber l'orgasme chez la femme.

  • L'anxiété de performance chez l'homme peut provoquer une éjaculation précoce.


Même si l'anxiété peut affecter la sexualité, elle n'entraîne pas nécessairement des dysfonctions sexuelles. Lorsqu'on éprouve des problèmes sexuels, comme l'impuissance, une panne de désir ou de la difficulté à avoir un orgasme, il est important d'en parler avec son médecin traitant, car peu importe le problème, il est souvent difficile de dire si la cause est d'ordre physique ou psychologique. La sexualité se vit autant dans le corps que dans la tête et le cœur. 

SOURCE(S): 

  1. Les troubles d'anxiété. [En ligne]. www.fondationdesmaladiesmentales.org (Page consultée le 17 décembre 2012).

  2. GORETTI, Giorgio et Irene BALDI. The relationship between anxiety disorders and sexual dysfonction. [En ligne]. www.psychiatrictimes.com (Page consultée le 17 décembre 2012).

La sexualité fait partie de la vie, elle définit l'identité : homme ou femme. Elle rattache les gens d'une façon très personnelle. La sexualité dans un couple est un élément fragile. On doit accepter les désirs, les besoins et les capacités sexuels de son partenaire. De plus, c'est parfois gênant de parler de son intimité. Alors lorsqu'un des partenaires est atteint de maladie mentale, il est possible que le couple rencontre des obstacles qui peuvent nuire au bien-être sexuel (1, 2) : 

  • La médication : la médication occasionne souvent des effets secondaires directs et indirects très importants sur la sexualité. Les effets indirects sont, par exemple, la nausée, les maux de tête, la constipation, les tremblements, la prise de poids, etc. Les effets directs peuvent être une baisse du désir sexuel, des problèmes érectiles, l'anorgasmie chez la femme, etc. Voir la rubrique « Médication et sexualité » rédigée par deux pharmaciennes de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal. 

  • Les impacts du diagnostic sur le couple : l'annonce d'un diagnostic de problème de santé mentale bouleverse une vie de couple. La fatigue, le stress, la prise de médication, le changement de routine, l'éducation des enfants, amènent des problèmes sur le plan sexuel. De plus, si la personne atteinte vit des périodes plus difficiles, le partenaire verra ses responsabilités familiales augmenter. Cette lourde charge a des répercussions sur la vie sexuelle du couple.

  • Les impacts de la maladie mentale : selon le diagnostic reçu, les effets de la maladie influeront sur leur comportement et leurs désirs sexuels. Par exemple, une personne atteinte de schizophrénie a tendance à s'isoler, ce qui peut affecter les contacts et l'intimité avec son partenaire. De son côté, une personne dépressive ressent souvent une baisse du désir sexuel.

  • L'ignorance de la maladie : la difficulté à comprendre le comportement de la personne atteinte peut provoquer des frictions dans le couple. De plus, un déséquilibre dans la relation survient parfois lorsqu'on doit prendre soin de son partenaire : on passe alors, momentanément, du rôle d'amoureux et d'amant à celui de personne en charge.


SOURCE(S): 

  1. BRUCE, Sheryl. Sexualité et maladie mentale. [En ligne]. www.asmfmh.org (Page consultée le 7 décembre 2012).

  2. La maladie mentale, un sujet tabou chez le couple. [En ligne]. www.ffapamm.com(Page consultée le 7 décembre 2012).

Le conjoint d'une personne atteinte doit prendre conscience que la vie sexuelle du couple vivra certains ajustements ou changements, sans toutefois devoir y renoncer. Il est essentiel d'en discuter ensemble pour diminuer les inconforts, trouver un rythme qui va convenir aux deux partenaires et surtout, pour ne pas rejeter ce moment d'intimité. 

Il est possible que la personne atteinte ressente beaucoup d'inquiétude par rapport aux changements que sa maladie amène dans la sexualité du couple, mais n'ose pas en parler. Il pourrait alors être pertinent d'aborder le problème – avec délicatesse –, et de tenter de s'ajuster à la nouvelle situation afin de diminuer la culpabilité de la personne qui vit ces changements de désirs et d'habitudes sexuelles (1). 

SOURCE(S): 

  1. DROLET, Marie-Ève. Vivre sa sexualité à travers la maladie mentale. [En ligne]. www.alpabem.qc.ca (Page consultée le 10 mai 2012).

Un diagnostic de santé mentale au sein d'un couple peut amener un déséquilibre dans les sphères professionnelle, familiale, intime et sexuelle. Face au diagnostic, le couple se retrouvera devant plusieurs obstacles. Par contre, il existe des moyens de les surmonter et de relever le défi de rester unis malgré tout (1). En voici quelques-uns destinés au partenaire de la personne atteinte. 

  • S'informer sur le problème de santé mentale et les traitements : il ne faut pas hésiter à poser des questions au médecin traitant, aux organismes communautaires ou à la personne assurant le suivi de son partenaire. En connaissant les comportements, les réactions possibles, les symptômes ainsi que les effets secondaires de la médication, il sera plus aisé de comprendre les agissements de son partenaire et de mieux s'y adapter.

  • Favoriser l'intimité, prendre le temps de trouver des moments d'intimité avec son partenaire. Par contre, il est essentiel de suivre le rythme de ce dernier afin qu'il soit disponible à recevoir de l'affection et de l'amour; demander quels sont ses besoins et ses désirs, sans toutefois s'oublier, bien sûr!

  • Maintenir le dialogue : il est nécessaire que les deux partenaires parlent ouvertement de leurs attentes et de leurs limites. Ce qui n'est pas dit ne sera jamais compris. Il faut valider et mettre des mots sur ce que l'on vit pour aider l'autre à comprendre; utiliser des images en cas de difficulté à s'exprimer verbalement, comme des photographies ou des illustrations représentant des émotions pour montrer à son partenaire comment on se sent.

  • Découvrir comment aider son partenaire : il est important de discuter ensemble des conséquences du diagnostic sur la vie de couple. Le partenaire doit être capable de garder un certain contrôle sur sa maladie et sur ses choix de vie. Il est important de préciser les démarches à entreprendre s'il est inapte à prendre une décision. Il peut être difficile d'aborder ces sujets, mais il faut le faire afin d'éviter les conflits; on peut demander les conseils d'une personne en qui on a confiance et qui connaît la marche à suivre pour ces prises de décision, comme un travailleur social ou un médecin traitant.

  • Prendre soin de soi : pour le partenaire qui assume le rôle d'aidant, il est vital de comprendre qu'il ne peut assumer seul tous les soins et toutes les responsabilités, surtout s'il y a des enfants à charge. Il ne faut pas avoir honte de demander de l'aide; ne pas oublier l'importance d'avoir un bon réseau social autour de soi.


SOURCE(S): 

  1. BRUCE, Sheryl. Faire face à la maladie mentale : suggestions pour les couples. [En ligne]. www.asmfmh.org (Page consultée le 7 décembre 2012).

Si l'enfant est maintenant un adulte et qu'il habite avec ses parents, il faut être conscient qu'il a des désirs et des besoins sexuels indépendamment de sa maladie. 

Il est donc important de discuter avec son enfant de ses besoins, de ses attentes et de la façon de gérer avec lui ses besoins d'intimité. Il est absolument essentiel de discuter des méthodes de contraception afin de diminuer les risques de grossesse et d'ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang). Il est recommandé d'en discuter à un moment où l'enfant se sent bien et montre une ouverture, car ce n'est pas facile de parler de sexualité avec ses parents! C'est un sujet intimidant, surtout lorsqu'on est un adulte et qu'on habite chez ses parents. Donc, la délicatesse est de mise. 

En couple, il est essentiel d'être bien avec son partenaire, de se sentir respecté, écouté, aimé, appuyé dans les moments plus difficiles, et de sentir que les besoins et les désirs qu'on éprouve soient compris et comblés. À partir du moment où l'on ressent un malaise avec son partenaire ou qu'on trouve son attitude irrespectueuse, on doit se demander si l'on est bien dans sa relation. 

Voici quelques comportements qui pourraient indiquer que la relation est malsaine (1) : 

  • Un des partenaires veut toujours savoir ce que l'autre fait, où il va et avec qui.

  • Un des partenaires empêche souvent l'autre de voir ses ami(e)s et sa famille.

  • Un des partenaires dévalorise souvent l'autre.

  • Un des partenaires dit souvent à l'autre qu'il est inutile et que tout ce qu'il fait se solde par un échec.

  • Un des partenaires prend toutes les décisions et ne prend pas en compte les opinions et les idées de l'autre.

  • Un des partenaires insiste pour avoir une relation sexuelle même si l'autre refuse.

  • Un des partenaires a déjà blessé l'autre physiquement ou a menacé de le faire.

  • Un des partenaires ignore l'autre complètement.

  • Un des partenaires dévalorise constamment la famille et les ami(e)s de l'autre.

  • Un des partenaires humilie l'autre.

  • Un des partenaires a déjà forcé l'autre à avoir des pratiques sexuelles avec lesquelles il n'était pas à l'aise.


Ce sont quelques comportements qui pourraient sonner l'alarme et signifier que la relation n'est pas très saine. « Quoi faire pour régler la situation? » 

  • Si on ne se sent pas bien dans sa relation et qu'on éprouve de la difficulté à y voir clair, on peut dresser une liste des avantages et des inconvénients à rester avec cette personne. Il faut prendre le temps d'y réfléchir et d'inscrire vraiment ce qu'on ressent. Parfois, c'est lorsqu'on prend le temps de réfléchir à ses émotions et à son bien-être qu'on se rend compte qu'il y a des problèmes dans le couple.

  • Lorsqu'on est dans une relation amoureuse difficile, c'est important d'en parler à quelqu'un en qui on a confiance et qui pourra aider à trouver des solutions. Cette même personne pourra apporter son soutien en cas de rupture. Il ne faut pas rester seul dans cette situation. On doit aller chercher de l'aide.

  • Et surtout, le mot respect est primordial pour une relation de couple réussie.


SOURCE(S): 

  1. Suis-je dans une relation amoureuse saine ou malsaine? [En ligne]. www.maisondeuxvallees.com (Page consultée le 7 décembre 2012).

La dépendance affective est un problème qui touche beaucoup de personnes et qui affecte les relations interpersonnelles. Elle est souvent due à une faible estime de soi qui engendre des relations malsaines avec les autres et avec soi-même (1). Il existe différents symptômes reliés à la dépendance affective (2). Petite mise en garde : si on se reconnaît dans l'un de ces symptômes, il ne faut pas conclure qu'on est dépendant affectif, mais cela indique peut-être une certaine vulnérabilité : il faut y prêter attention afin d'éviter que quelqu'un en profite. 

Voici quelques symptômes de dépendance affective : 

  • Difficulté à s'estimer en tant que personne : la personne va se préoccuper plus des autres que d'elle-même, et va accorder une trop grande importance à la perception que son entourage a d'elle.

  • Difficulté à imposer ses limites : une personne dépendante affective encaisse tout, même les comportements qu'elle trouve désagréables, afin de ne pas vivre de rejet. Par exemple, elle accomplit des tâches qu'elle déteste, elle ne dit jamais non, elle obéit à son partenaire. Bref, elle fait plein de choses contre son gré sans imposer ses limites. Elle ne se protège pas des autres, elle subit.

  • Difficulté à se reconnaître en tant que personne : nous avons tous une identité reliée à notre apparence physique, à notre personnalité, à nos émotions, à nos valeurs ainsi qu'à notre comportement. Pour une personne qui vit avec un problème de dépendance affective, son identité est souvent cachée, de peur d'être rejetée par les autres, car elle croit ne pas correspondre aux attentes de son entourage. Elle fera alors semblant d'être une autre personne, ou se construira une identité en fonction de son partenaire. Par exemple, elle va se teindre en blonde parce qu'il aime les blondes ou va devenir végétarienne parce qu'il déteste la viande.

  • Difficulté à satisfaire ses besoins et ses désirs : la personne connaît ses besoins et ses désirs. Par contre, elle n'est pas capable de les communiquer et par conséquent, son partenaire ne peut les satisfaire. Elle laisse toute la place aux besoins et aux désirs de l'autre, alors que les siens demeurent insatisfaits. Mais elle n'agit pas pour changer les choses.


On peut visiter la page des Dépendants Affectifs Anonymes Québec pour obtenir des conseils ou de l'aide à ce sujet. 

SOURCE(S): 

  1. Aurais-tu un problème de dépendance affective? [En ligne]. www.daa-quebec.org (Page consultée le 7 décembre 2012).

  2. La dépendance affective. [En ligne]. www.acsm.qc.ca (Page consultée le 7 décembre 2012).

Médication

Les problèmes liés à la sexualité sont fréquents chez les personnes atteintes de schizophrénie, mais ce sujet est en général peu abordé lors des visites médicales, et il est souvent sous-estimé. On estime que la prévalence de trouble sexuel en schizophrénie est entre 50 % et 80 %. Il est important d'aborder la question de la sexualité chez cette tranche de la population car les conséquences ne sont pas négligeables : une atteinte à la qualité de vie est possible ainsi qu'une inobservance au traitement médicamenteux. 

Cette définition dépend de chacun et est influencée par les différences culturelles, la présence de maladie physique, l'abus de substance et le type de relation avec le ou la partenaire. Généralement, les troubles sexuels incluent la baisse de désir sexuel, l'aversion sexuelle, les troubles érectiles et éjaculatoires, la sécheresse vaginale, les troubles de l'orgasme et les relations sexuelles douloureuses. 

La présence d'une schizophrénie s'accompagne fréquemment d'une dysfonction sexuelle et ce, indépendamment de l'effet des médicaments. D'autres éléments peuvent influencer la sexualité des personnes atteintes de schizophrénie comme des problèmes de contact, un sentiment de persécution, des réactions extrapyramidales, une prise de poids liée à la médication, etc. 

La médication utilisée en psychiatrie peut être une cause importante de dysfonction sexuelle, car elle cible des neurotransmetteurs impliqués dans une relation sexuelle, comme par exemple la dopamine, qui a un effet sur la libido et la stimulation. Les deux classes de médicaments qui seront abordées dans cet article seront les antipsychotiques et les antidépresseurs. Les autres étiologies possibles des troubles sexuels sont décrites au tableau 1. 

Tableau 1 : Étiologie des troubles sexuels 

Médication psychiatrique (antidépresseurs, antipsychotiques, benzodiazépines/anxiolytiques, anticonvulsivants/antiépileptiques, anticholinergiques)

Autres médicaments (bêtabloqueurs, bloqueurs alpha, diurétiques épargneurs de potassium, antihistaminiques H2, myorelaxants, antagonistes dopaminergique, pilule contraceptive et autres hormones, amphétamines, digoxine, hypolipémiants, narcotiques)

Causes médicales associées aux troubles sexuels (affections psychiatriques et neurologiques, problèmes cardiovasculaires, diabète, problèmes thyroïdiens, endocrinopathies, affections uro-génitales, pathologies infectieuses, maladies auto-immunes, troubles métaboliques, néoplasies, déficit en androgènes/estrogènes)

Trouble sexuel primaire (dyspareunie, vaginisme)

Abus de substance

Grossesse

Contexte psychosocial (ex. : âge avancé), psychologique (ex. : abus sexuel), culturel, religieux, environnemental et ethnique

Plusieurs classes d'antidépresseurs peuvent porter une atteinte à la fonction sexuelle. Dans la classe des antidépresseurs qui inhibent la recapture de la sérotonine (ISRS), tous peuvent causer des dysfonctions sexuelles. La paroxétine (PaxilMD) causerait le plus de problèmes érectiles et retarderait l'éjaculation comparativement à la fluoxétine (ProzacMD) et la sertraline (ZoloftMD) qui ont un effet moindre. L'escitalopram (CipralexMD) et la fluvoxamine (LuvoxMD) semblent être les médicaments qui affecteraient le moins la fonction sexuelle parmi cette classe de médicaments. 

Concernant la classe des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRN), on ne retrouve que deux molécules, soit la venlafaxine (EffexorMD) et la duloxétine (CymbaltaMD). Ces deux médicaments peuvent retarder l'éjaculation, mais les troubles sexuels induits seraient moindres avec la duloxétine. 

Dans la classe des inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), le seul antidépresseur qui cause le moins de dysfonction sexuelle est le moclobémide (ManerixMD). Parmi les antidépresseurs tricycliques (ATC) comme l'amitriptyline (ElavilMD), tous peuvent causer de l'impuissance et mener à un problème d'éjaculation ainsi qu'à une diminution de l'excitation sexuelle. 

Enfin, les antidépresseurs comme la mirtazapine (RemeronMD), le bupropion (WellbutrinMD) et la trazodone (DesyrelMD) entraînent beaucoup moins d'effets secondaires sexuels. 

Les antipsychotiques de 1ère génération comme l'halopéridol (HaldolMD), la chlorpromazine (LargactilMD), la perphénazine (TrilafonMD) ou le zuclopenthixol (ClopixolMD) affectent le plus la fonction sexuelle en raison de leur action au niveau de la prolactine et des effets extrapyramidaux reliés (rigidité peu propice à l'activité sexuelle). L'augmentation de la prolactine peut induire chez la femme l'aménorrhée (absence de menstruations) ou une galactorrhée (production et émission de lait par les glandes mammaires) ainsi qu'une diminution de la libido, alors que chez l'homme, elle entraine une baisse du désir et parfois une impuissance. 

Concernant les antipsychotiques de 2e génération, c'est la rispéridone (RisperdalMD) qui affecte le plus la fonction sexuelle car elle peut causer une augmentation du niveau de prolactine et est associée à des effets extrapyramidaux. Les autres molécules de 2e génération risquent moins d'augmenter la prolactine, mais elles ne sont pas dénuées d'effets sur la fonction sexuelle. En effet, l'olanzapine (ZyprexaMD), la clozapine (ClozarilMD) et la quétiapine (SeroquelMD) peuvent causer une dysfonction sexuelle, mais la sévérité est moindre en comparaison avec la rispéridone et l'halopéridol. L'aripirazole (AbilifyMD) ne semble pas être associé à une induction de dysfonction sexuelle. Quelques rapports de cas indiquent du priapisme (érection pouvant durer plusieurs heures) associé à la prise de ziprasidone (ZeldoxMD). 

Certaines personnes peuvent développer une tolérance aux effets secondaires sexuels (10 %), mais cela apparait longtemps après le début de la médication. Il est possible de réduire la dose du médicament concerné (effet sexuel dose-dépendant), planifier l'activité sexuelle avant de prendre le médicament (dépendamment de la durée d'action du médicament) ou d'arrêter temporairement la médication (« drug holidays »). Cependant, la réduction de dose peut causer une réapparition des symptômes psychotiques alors que l'arrêt temporaire pourrait provoquer des symptômes de sevrage et compromettre l'observance au traitement. 

Une autre stratégie est de changer le médicament qui cause la dysfonction pour un autre ayant peu d'impact sur la fonction sexuelle comme la mirtazapine ou le bupropion pour le traitement de la dépression. Le bupropion a même tendance à améliorer la fonction sexuelle. Concernant les antipsychotiques, la stratégie en présence de dysfonction est de privilégier les molécules ayant le moins d'impact sur la prolactine et sur la fonction sexuelle en général (quétiapine, clozapine, aripiprazole). L'aripiprazole a l'avantage d'améliorer la libido, les problèmes érectiles, et éjaculatoires, et de réduire les dysfonctions menstruelles causées par les autres antipsychotiques. Cependant, les risques et les bénéfices devraient être évalués avant de changer de médication chez une personne stabilisée en raison du risque de décompensation suite au changement. 

De nombreux antidotes existent. Toutefois, les études qui démontrent leur efficacité sont limitées. Ceux qui ont le plus d'évidence sont les inhibiteurs de la PDE-5 : sildénafil (ViagraMD), tadalafil (CialisMD) et vardénafil (LevitraMD) pour traiter les troubles du désir et de l'excitation sexuelle, les dysfonctions érectiles et l'orgasme retardé. Cependant, cette classe de médicament est très dispendieuse et n'est pas remboursée par le Régime d'assurance maladie du Québec (RAMQ). D'autres antidotes sont disponibles, mais il y a peu d'études en général pour appuyer leur utilisation. Il est aussi important de considérer que l'ajout d'un autre médicament peut entraîner des effets secondaires non négligeables. 


Références

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